Vincent
GUILLIER
Typographe mordu d’authenticité — Sauvegarde un savoir-faire ancestral — Initie les jeunes aux plaisirs de la presse
Typographe - Éditeur
Dans son atelier de Nogent-sur-Oise, Vincent Guillier exerce un métier vieux comme le monde. Ce typographe, au « caractère bien trempé » — sans mauvais jeu de mots ! — exprime avec sincérité le devenir de ce métier, à travers les ouvrages qu’il fabrique et les ateliers d’initiation qu’il anime. Reconnu par ses pairs, Vincent Guillier est un des derniers et rares détenteurs français de ces gestes et connaissances d’autrefois. Appelé souvent par des institutions muséales, des centres d’interprétation ou des associations tournées vers la sauvegarde du métier de typographe, cet artisan aux doigts limés par l’usage des encres et la manipulation des pièces métalliques n’a de cesse de croire en sa raison d’être, à savoir la conservation d’un art faisant aujourd’hui figure d’exception…
« Je n’aime pas les ordinateurs »
Un brin provocateur, Vincent Guillier admet volontiers la dureté de son métier. Car, à l’heure du numérique, voilà un savoir-faire que l’on n’improvise pas ! Vincent, qui se tient volontairement éloigné des ordinateurs et de leurs cousins, n’est pas devenu typographe — même s’il rechigne à l’idée de dire qu’il l’est devenu ! — comme on se saisit d’un clavier…
Les lettres, les vraies, Vincent les connaît bien. À force de travail de rigueur, dans la noirceur des ateliers, Vincent a observé les anciens travailler, fondre les caractères, les placer sur les machines, apprécier la qualité d’un papier…
Formé, entre autres, par l’Allemand Richard Müller, jusqu’à la mort du maître d’art, Vincent parle de son métier avec l’humilité de ceux qui savent le chemin qui leur reste à parcourir. Dans sa bouche, on comprend que cette « profession pour des gens qui aiment le labeur, du matin au soir, et parfois la nuit » façonne ses journées comme le vent la roche calcaire, c’est-à-dire avec lenteur et patience.
Alors bien sûr, au temps du graphisme numérique, des computers à gogo et des plates-formes de mise en page à l’emporte-pièce, Vincent Guillier dénote… mais poursuit sa route, la ferme intention de ne pas laisser cet art se perdre dans les méandres du numérique.
La typographie, une autre manière de fabriquer un ouvrage
Depuis 2014 et la création des Éditions Voix de garage, Vincent a fait le choix de faire de la typographie son métier.
Ce labeur, qu’il définit volontiers comme un sacerdoce, le porte à choisir les lettrages, à les fabriquer ou à récupérer d’anciens stocks, et à découper à la main du papier chiffon pour fabriquer des ouvrages en toutes petites séries, entre autres exercices délicats ! Régulièrement sur les routes, Vincent a engrangé ainsi un stock considérable de caractères anciens et de papiers précieux.
En collaboration avec des auteurs contemporains et de grands domaines publics, il fabrique des ouvrages de main d’homme et de A à Z dans la plus pure tradition de la typographie. Des écrivains picards, comme Ch’Vavar, ou Marie Huot, écrivaine d’Arles lui confient régulièrement l’impression de leurs œuvres, quand de simples anonymes ou libraires ne font pas appel à ses services pour la création de cartes de visite…
Mais s’il a conscience que ce métier reste confidentiel, Vincent Guillier parcourt aussi la France en vue d’animer des ateliers d’initiation auprès des enfants, jeunes collégiens ou autres, et d’installer des ateliers fonctionnels pour des mouvements associatifs ou de grandes institutions, à l’instar de l’Imprimerie Nationale ou du Musée de l’imprimerie de Malesherbes.
Également conseiller typographique à ses heures perdues, Vincent conseille des équipes de tournages ont vu d’apporter cohérence et exactitude aux décors de cinéma…
Une passion qui se vit
Seriez-vous surpris de savoir que Vincent a grandi et approfondi sa connaissance du monde au contact des livres ?
À Saint-Just en chaussée, à deux pas de la résidence familiale, la bibliothèque municipale était son sanctuaire. Vincent se sentait libre au milieu des livres et personne ne surveillait ses lectures, tant et si bien qu’il vécut ses premiers émois en compagnie de La Bête humaine ou de La faute de l’abbé Mouret ! Par ailleurs amis de vieux paysans, sensible aux récits d’autrefois, aux dialectes, aux patois et aux parlers picards, Vincent écoutait les lettres bien avant de les fabriquer et de les poser sur du papier. Les accents creillois, clermontois… toutes ces différences sonores le fascinaient déjà !
À l’époque, ne pouvant prédire son avenir dans la typographie, il suivait son chemin en faisant fi des conseils — souvent malavisés — des conseillers d’orientation. Études de philosophie, lettres classiques, sociologie : si les études le nourrissaient, Vincent voyageait à la recherche de nouvelles sensations. De l’Écosse, à Édimbourg où il regrettait le côté « trop gentil » de la population, il se retrouvait au Brésil, en Argentine, et dispensait des cours de français.
Polyglotte, Vincent Guillet a, d’une manière ou d’une autre, toujours eu les lettres dans la peau. Rien d’étonnant donc à le retrouver enseignant dans un lycée, ou aujourd’hui typographe, la transmission des paroles et des gestes d’hier au cœur de sa raison d’être…
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Xavier-Bilal JUDITH
Restauration rapide et du monde
Biographe, conceptrice-rédactrice et coach littéraire
Des mots pour rendre visible l’invisible, un vrai savoir-faire !
Conçoit et rédige discours de marques et stratégies éditoriales des entreprises.
Écrit et co-écrit toutes les histoires de vie.